Il est essentiel que l’expertise, qu’elle concerne le police scientifique ou un autre domaine, soit considérée tant par les magistrats que par les experts comme une opportunité d’échange, d’abord en amont mais aussi pendant le déroulement de la mesure. Il faut en effet avoir toujours présent à l’esprit que son but est de faciliter la découverte de la vérité et que tout ce qui peut permettre d’en améliorer l’efficacité doit être mis en œuvre.
Il faut donc insister pour que les experts et les magistrats se rencontrent régulièrement, éventuellement lors de réunion de travail mises en place par les compagnies d’experts, pour échanger sur les difficultés rencontrées par les uns et les autres et évoquer les attentes mutuelles. Mais au-delà, il paraît utile que les experts n’hésitent pas à se rapprocher du juge qui les a désignés chaque fois que cela leur paraît devoir être fait.
L’expert ne doit pas voir dans le juge une autorité froide et inaccessible, mais doit au contraire y voir un interlocuteur permanent, qui doit s’assurer certes du contrôle de la mission d’expertise et de son bon déroulement mais en l’adaptant le cas échéant en fonction des nécessités, celles-ci devant être soulignées par les parties ou l’expert lui-même.
L’article 161 du code de procédure pénale autorise d’une certaine manière ces relations, dans la mesure où il précise que les experts doivent remplir leur mission en liaison avec le juge d’instruction ou le magistrat délégué, le tenir au courant du développement de leurs opérations et le mettre à même de prendre à tout moment toutes mesures utiles.
Cela permet ainsi de considérer que si l’expert pense qu’il est souhaitable de modifier une mission ou de l’étendre, il ne doit pas hésiter à saisir l’autorité qui l’a désigné.
Il n’est pas illogique de voir dans l’expert, qui dispose des compétences techniques requises, un auxiliaire de justice efficace, qui peut être amené à formuler des observations sur la précision ou les difficultés de la mission confiée, de sorte que le juge ou le magistrat du Parquet soit en mesure d’adapter les questions.
Dans le même ordre d’idée, dès qu’il reçoit la mission, sauf s’il s’est mis d’accord avec le juge avant la réception formelle de la mission, l’expert qui pense que le délai qui lui est imparti sera trop court, doit sans tarder saisir le magistrat de la difficulté afin que celui-ci modifie la décision à ce sujet.
Il en de même si l’expert pense nécessaire de recourir à une collégialité d’experts plutôt que d’accomplir une mission qui lui apparaît d’emblée trop délicate ou complexe.