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PHOTOGRAPHIE ET CROQUIS COTÉ

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Prises de mesures pour la réalisation du plan côté, par les personnels de la police scientifique lors des attentats de Paris en novembre 2015

 

Le désordre fréquent des scènes de crime, la multitude des détails, la diversité des indices, imposent (afin de ne rien oublier d’essentiel) de respecter un plan de travail dont la méthode soit applicable à tous systèmes et circonstances. La photographie et la réalisations des plans côtés très détaillés des lieux prennent alors toutes leurs importances.

La recherche des modifications apportées à l’état des lieux pourra être difficile : malgré la faillibilité du témoignage humain, celui-ci permettra tout de même parfois de préciser certaines modifications survenues ; mais le plus souvent, à elle seule, la constatation d’anomalies les signalera à l’attention (comme par exemple, une incompatibilité de position du corps de la victime et de taches ou traces).

La photographie des lieux enregistre avec rigueur leur aspect. Par sa fidélité elle présente une garantie incomparable car elle supprime toute cause d’omission ou de confusion ; elle permettra ensuite, tout au long de l’enquête puis du procès, de confirmer ou d’infirmer les déclarations des témoins ou des inculpés, ou hypothèses de l’accusation comme de la défense. L’emploi systématique de la photographie a été préconisée par Alphonse Bertillon dés 1883, c’est un des fondements essentiels de la criminalistique.

Par l’enchaînement des photographies, il doit être en effet possible de reconstituer le cheminement des investigations sur les lieux : elles iront donc de l’ensemble au détail et les « recueils » ainsi constitués présenteront des images :

  • de l’aspect extérieur des lieux,
  • du lieu même du crime,
  • des lieux avoisinants,
  • du cadavre en place (et à l’institut médico-légal, plus tard),
  • de ses blessures,
  • des taches et traces suspectes,
  • de tous indices enfin,

(Il est important de rappeler ici, que bien avant l’avènement de l’air numérique de la photographie moderne ; les personnels de la police scientifique devait déjà assurer une qualité de travail irréprochable de part le fait de réaliser des photographies dites  » argentiques  » via des pellicules photographiques noir et blanc : toute photo ratée sur la scène de crime était définitivement perdue pour l’enquête.

Mais quel que soit l’intérêt de la photographie, elle est encore insuffisante, car elle ne fixe qu’une partie d’un tout et n’apporte qu’une notion relative de dimensions. Aussi sera-t’il nécessaire d’adjoindre à la multiplicité des prises de vue un plan des lieux, permettant au besoin d’y retrouver toutes dimensions : c’est l’opération de levé de plan. On disposera alors d’un croquis coté correspondant à l’ensemble, permettant toutes mesures absolues et ne conservant que ce qui est utile à la compréhension ou à l’intégration des faits. Il indiquera notamment  :

  • la disposition des lieux,
  • l’emplacement et l’encombrement du mobilier
  • la position des accès et leur sens d’ouverture,
  • la position du cadavre,
  • la position des indices, taches ou traces, situés selon leurs coordonnées par rapport à des points fixes.

Toutes les possibilités sont offertes : projection au sol, élévation, mesures angulaires, coupe jusqu’à la reconstitution en trois dimensions avec placage de textures réalistes et contemporaines.

La description des lieux constitue toute une partie du « procès-verbal des constatations ».

En fait, la seule description resterait un document bien abstrait et dont la valeur serait par trop fonction du degré de connaissance de l’observateur, avec tous les risques d’omission ou de confusion, et l’impossibilité ultérieure de restituer les faits une fois les lieux remis en état, modifiés ou transformés : ainsi, c’est surtout par rapport à la photographie et au plan des lieux que cette description des lieux prend toute sa valeur (on y usera donc largement de renvois (par lettres ou chiffres à ces deux documents de base).

Cette description se doit d’être rigoureusement objective et impartiale, sans essai d’interprétation, et moins encore d’hypothèse.

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