Tout individu laisse son ADN un peu partout : sur une brosse à dent, un mégot, ou encore dans un cheveu pris dans les mailles d’un bonnet, encore plus systématiquement dans le sang.
L’expertise en génétique judiciaire débute par l’identification des traces humaines avant de procéder aux analyses génétiques.
ADN : Principe de la recherche de sang
Bien que reconnaissable par leur couleur (rougeâtre à brunâtre), les traces de sang peuvent être confondues avec des traces de teintes analogues.
L’analyse de sang commence toujours par un examen minutieux à l’œil nu des scellés souillés, en décrivant la « morphologie » des taches : produits d’essuyage, giclées, traînées, gouttelettes, empreintes de pas, etc.
Cet examen conditionne leur prélèvement.
Une fois prélevée, la tache est soumise à la vérification systématique de la présence de sang à l’aide de tests chimiques.
Les tests de mise en évidence de sang en criminalistique sont basés sur les propriétés peroxydasiques de l’hémoglobine du sang.
Les peroxydes sont des composés chimiques toxiques pour les tissus humains, ils sont donc décomposés par l’hémoglobine du sang.
L’eau oxygénée est décomposée par l’activité peroxydasique de l’hémoglobine.
L’oxygène ainsi libéré oxyde un substrat incolore sous forme réduite mais coloré ou luminescent sous forme oxydée.
Les réactifs : Méthodes
Le luminol
Le test au luminol utilise le 3-aminophthalylhydrazide ; une réaction positive se traduit par une chimiluminescence avec un éclat bleu.
Le luminol est utilisé sur les scènes de crime pour repérer des traces de sang nettoyées ou essuyées.
Par pulvérisation de la surface d’intérêt, la luminescence révèle l’emplacement du sang.
Plus récemment a été développé le BlueStar, réactif chimique à base de luminol dont certaines propriétés ont été améliorées (l’obscurité complète n’est plus nécessaire, il est stable pendant plusieurs jours après sa préparation…).
Le luminol ni le BlueStar n’interfèrent pas avec les analyses génétiques ultérieures.
Dans certains cas, il est possible que la quantité d’ADN recueilli soit trop faible pour être révélée, mais il est également envisageable que l’action de pulvérisation puisse entraîner un « nettoyage » de la surface et limite ainsi les possibilités de prélèvement significatif ultérieur.
Les autres tests
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- Le test d’Adler utilise la benzidine ; une réaction positive se traduit par l’apparition d’une coloration bleue. Ce produit connu pour être cancérogène a été abandonné par la plupart des laboratoires.
- Le test Kastle-Meyer (KM) utilise la phénolphtaléine qui donne une intense coloration rose.
- Le test au leuco-malachite Vert (LMV) utilise la 4′-benzylidene bis N,N-diméthylaniline qui donne une coloration verte.
- Le test de Thevenon-Rolland utilise la 4-diméthylaminoantipyrine qui donne une coloration violette.
Ces tests sont utilisés depuis de nombreuses années dans les laboratoires de « biologie criminelle », et ont largement fait leur preuve.
La sensibilité et la spécificité des réactifs utilisés varient selon les études, probablement en raison de l’utilisation de produits différents, voire de concentrations des réactifs ou de méthodes différentes de préparation.
Néanmoins, ces tests sont sensibles et requièrent très peu de matière. Selon Cox qui a comparé quatre tests d’orientation : tétraméthylbenzidine, orthotolidine, leuco-malachite vert et phénolphtaléine, la phénolphtaléine serait le test le plus sensible (1 : 10000 c’est-à-dire : 1 goutte de sang ajoutée à 10 000 gouttes d’eau positive le test).
Une étude plus récente évaluant 6 tests différents de recherche du sang, montre que le luminol est le plus spécifique et le plus sensible des réactifs utilisés.
Le LMV est également spécifique mais 10 fois moins sensible.
La phénolphtaléine est de sensibilité équivalente mais moins spécifique, le BlueStar est décrit comme sensible mais peu spécifique.
Compte tenu de la variabilité des conclusions de ces tests et pour éviter les faux positifs (rouille, certaines lessives, eau de javel, sève de végétaux…), il est préférable d’utiliser au moins deux réactifs. Pour valider le résultat et conclure à la présence de sang, les deux réactions doivent être positives.
Ces tests de recherche du sang s’utilisent en cupule ou en tube et s’appliquent à des micro échantillons soit indirectement par transfert de la substance rougeâtre sur un écouvillon stérile humidifié, soit directement à partir d’un fragment de l’échantillon ; une fibre de vêtement suffit.
Ils ne sont pas spécifiques de l’hémoglobine humaine, et d’autres tests doivent être mis en œuvre pour différencier son origine humaine ou animale.
Détermination de l’origine humaine du sang
La détermination de l’origine humaine du sang est basée sur des méthodes immunologiques, par la formation d’un complexe antigène-anticorps entre l’hémoglobine issue des échantillons et un anticorps anti-hémoglobine humaine.
On utilise actuellement des méthodes immuno-chromatographiques au moyen de bandelettes à lecture directe.
Plusieurs trousses (kits) sont disponibles comme par exemple l’ Hemoglobin rapid Test HRT de VEDA LAB, ou le test Hexagon OBTI de Human.
Cette détermination n’est pas réalisée systématiquement car les analyses génétiques mises en œuvre sont spécifiques de l’ADN humain.
Toutefois, elle peut s’avérer intéressante, en présence d’une quantité importante de sang sur un scellé (un drap, un écouvillon, une lame de couteau…) mais pour lequel aucun résultat génétique n’a été obtenu. Ce sang peut être soit dégradé soit d’origine animale. Il convient alors de le vérifier.